Thomas Patris de Breuil: Les contours du phénomène Trump

Thomas Patris de Breuil: Les contours du phénomène Trump
Retours d'expériences d'etudiants à l'international. 
Thomas a passé sa troisième année aux Etats Unis, à Millikin University. Il nous raconte le phénomène Trump en direct des USA !
Les contours du phénomène Trump
Les Etats Unis sont un merveilleux pays où toutes les situations, même les plus ubuesques peuvent arriver. Combien de temps un personnage comme Donald Trump appelé par ses aficionados « The Donald » aurait pu tenir dans une campagne présidentielle française ? La réponse est claire : il n’aurait même pas pu se présenter. Il faut bien comprendre que tous ces « dérapages » dont les médias américains raffolent n’auraient jamais été admis en France. Mais dans ce cas-là, pourquoi tous ces écarts de conduite qui auraient dû l’écarter de la course à la Maison Blanche dès les prémices de cette campagne lui ont permis d’être investi candidat républicain à la convention de Cleveland ? La réponse est claire : Trump apporte un message de sincérité selon ses partisans. Il n’a pas peur d’exprimer des idées que l’Amérique profonde attend depuis très longtemps : un discours isolationniste, sécuritaire, raciste, homophobe et qui prône le retour de la « grande Amérique ». Mais surtout, les partisans de Trump admirent son discours de vérité plus que son programme car, comme il le dit lui-même « je n’ai jamais vu un électeur demander à lire mon programme ». Pour vous montrer la superficialité du spécimen.
Un expert des médias
Trump n’est pas un candidat traditionnel, c’est un bulldozer. Il a complètement démoli le Parti républicain qui mettra des années à sortir la tête de l’eau car ces élections étaient censées être celles du changement de ligne politique. Les Républicains avaient une opportunité de prendre le pouvoir mais tous leurs candidats comme Marco Rubio ou Jeb Bush ont échoué lamentablement face au magnat de l’immobilier qui n’avait aucune expérience politique avant de se lancer dans le challenge de sa vie.
Cette campagne a été placée sous le signe de l’argent, des campagnes publicitaires et surtout des punchlines toutes plus violentes les unes que les autres. Sa stratégie de communication a été des plus innovantes, ce qui a totalement surpris le microcosme politico-médiatique américain. Sa candidature a constitué un bon moment de rigolade pour tout ce petit monde. Pour preuve, le Huffington post a décidé de couvrir la campagne de Trump dans la section divertissement de son site internet. Bref, c’est une candidature à la quelle personne ne croit. Quelques jours après son entrée en lice, les sondages le créditent de 1% des intentions de vote.
La célébrité : un des facteurs déterminants
Il débute sa campagne avec un avantage énorme : la célébrité. D’ordinaire, quand un outsider se lance dans la course présidentielle, il passe par 3 étapes médiatiques : la découverte - le candidat est tout nouveau, tout frais), l’examen - qu’a-t-il vraiment dans le ventre ? et le déclin - la meute médiatique se lasse et passe à autre chose.
Avec « The Donald » rien de tout cela, sa célébrité a explosé avec « the apprentice » (The Apprentice est une émission de télé-réalité apparue aux États-Unis sur le réseau NBC avec comme animateur principal Donald Trump bien sur), qui a attiré plus de 28 millions de téléspectateurs notamment dans l’Amérique profonde, ce qui constitue sa base électorale. Il figurait parmi les 5 plus grosses audiences TV des US à l’époque.
Un virtuose des médias
Trump comprend les médias comme personne. Tous ses dérapages sexistes, racistes, homophobes voire xénophobes peuvent apparaitre comme des dérapages incontrôlés mais ils font partie d’un plan de communication bien rodé. Trump est un virtuose des médias. Quand il trouve qu’il n’est plus au centre de l’attention, il fait en sorte de tenir des propos outranciers pour attirer à nouveau la lumière des projecteurs. L’exemple le plus frappant est celui où il proposait de fermer les frontières aux musulmans. Ses propos sont abjects mais parfaitement cohérents avec sa stratégie de communication. Tous les journalistes pensaient qu’à chaque dérapage, il baisserait dans les sondages mais bien au contraire, sa proposition sur la fermeture des frontières aux musulmans a recueilli un avis favorable de 2/3 des électeurs républicains.
La politique comme une émission de téléréalité
Les injures ou les propos outranciers sont devenus une nouvelle forme de communication parfaitement en cohérence avec le monde dans lequel on vit. Un monde sans tabous, sans barrières où tous les coups sont permis. Il sait que son petit jeu avec les médias lui est favorable. Il lui suffit de balancer 1 ou 2 petites injures sur twitter ou Instagram pour que toute la presse nationale le reprenne à cœur joie. Trump ne cesse de rappeler que les médias ne cherchent qu’à augmenter leur audience et sont prêts à tout pour faire grimper celle-ci.
Peut-il l’emporter ?
A priori non. Certes, les sondages sont de plus en plus serrés surtout après la convention républicaine à Cleveland, globalement réussie malgré les accusations de plagiat sur son épouse Mélania. Tout le contraire de la convention démocrate qui a été un fiasco total. Les sondages donnent 46% pour Clinton et 44% pour Trump. Mais il ne faut pas oublier que le réservoir potentiel de voix est bien plus important chez Hillary que chez « the Donald » surtout après les soutiens officiels de Bernie Sanders et avec un Parti républicain au fond du trou. Mais avec Trump, rien n’est jamais gagné d’avance. Demandez à ses petits camarades républicains…
Thomas Patris de Breuil, PGE 3 Millikin University 2015/16, Promotion 2018
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