Entrepreneuriat et IA : l’histoire de Jean-Marcel Touzet, co-fondateur de Haiku

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Haiku

Jean-Marcel Touzet, diplômé du Programme Grande École de Paris School of Business et passionné par l’entrepreneuriat, a co-fondé Haiku, une startup innovante spécialisée dans les solutions d’intelligence artificielle pour les cabinets d’avocats. Dans cette interview, il partage son parcours, son expérience à Paris School of Business et les défis rencontrés en tant qu’entrepreneur. 

Découvrez comment il a transformé sa vision en une entreprise qui redéfinit le secteur juridique.

Le parcours de Jean-Marcel

 

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours à Paris School of Business ?

Je m’appelle Jean-Marcel Touzet, j’ai 25 ans et je suis co-fondateur et directeur marketing de Haiku. Avant de lancer cette startup, j’ai fait mes cinq années d’études supérieures à Paris School of Business, dans le Programme Grande École, et j’ai obtenu un master en entrepreneuriat.

J’ai rejoint Paris School of Business à 19 ans, après une réorientation. Intégrer le Programme Grande École m’a permis de poursuivre un cursus jusqu’au master, avec une vision claire de mon objectif. Malheureusement, je n’ai pas pu effectuer d’échange à international à cause de la pandémie de Covid-19. Cependant, ce contretemps a été compensé par une expérience personnelle enrichissante : à la fin de mon master, je suis parti découvrir l’Asie pendant huit mois au cours desquels j’ai exploré 8 pays en sac à dos.

J’ai choisi de me spécialiser en entrepreneuriat pour deux raisons principales :

  • Ma passion pour l’entrepreneuriat : j’ai toujours été attiré par l’idée de construire, innover et relever des défis.
  • Une vision globale de l’entreprise : un master en entrepreneuriat ne forme pas à une expertise technique spécifique, mais offre une compréhension transversale de la gestion d’entreprise et des compétences nécessaires pour la diriger. Ce choix, bien qu’audacieux, m’a laissé peu d’alternatives : je devais créer ma propre entreprise après l’école. Et c’est exactement ce que j’ai fait.

 

Quel rôle votre formation à Paris School of Business a-t-elle joué dans la construction de votre parcours entrepreneurial ?

Dès mes premières années à Paris School of Business, j’ai bénéficié d’un cadre optimisé pour développer mes ambitions entrepreneuriales. Des cours fondamentaux comme la comptabilité, la finance et la fiscalité m’ont permis d’acquérir des bases solides pour comprendre les enjeux métier, la gestion d’une entreprise, et les interactions entre ses différentes composantes. Ces enseignements ont véritablement renforcé ma capacité à appréhender les défis liés à l’entrepreneuriat.

Au-delà des aspects théoriques, Paris School of Business a également nourri mon esprit d’initiative grâce à une pédagogie orientée vers l’action. Les études de cas concrets, les travaux de groupe et les mises en situation m’ont permis d’affronter des problématiques réelles, de développer ma créativité et de trouver des solutions innovantes. Des événements comme la conférence donnée par l’un des fondateurs de Doctolib, ou encore les séminaires sur les soft skills, notamment celui animé par Manuela Cousin, m’ont profondément marqué en mettant en lumière des parcours inspirants et des compétences humaines essentielles à l’entrepreneuriat.

Pour être tout à fait honnête, Paris School of Business n’a pas été à l’origine de ma fibre entrepreneuriale, qui je pense, remonte à mon collège, voire avant. Cependant, c’est à Paris School of Business que cette fibre s’est véritablement développée. L’école m’a offert un environnement propice pour affiner mes compétences, en acquérir de nouvelles et bâtir une base solide. Elle m’a également permis de créer un réseau de personnes partageant les mêmes valeurs et une vision commune, des connexions qui continuent de nourrir mon ambition et mon parcours entrepreneurial aujourd’hui.

 

Est-ce qu’il y a des cours ou des enseignants qui vous ont particulièrement marqué et qui ont influencé votre approche de l’entrepreneuriat ?

Oui, de nombreux cours et enseignants m’ont marqué durant mon cursus. Il est difficile de répondre à cette question sans mentionner Madjid Yahiaoui, véritable figure emblématique du master entrepreneuriat. En tant que responsable du programme, il a eu un impact majeur sur mon approche entrepreneuriale grâce à ses cours, ses histoires inspirantes et les projets qu’il nous proposait. Il a également su nous ouvrir à des opportunités concrètes, comme notre participation à des événements tels que “Go Entrepreneur”.

Je me dois également de mentionner d’autres professeurs avec qui j’ai particulièrement aimé apprendre :

  • Fabrice Périac, mon tuteur de mémoire, dont l’accompagnement a été d’une grande richesse.
  • François Radacal, pour ses cours stimulants sur la création d’entreprise.
  • Béatrice Jeandin, dont la pédagogie m’a profondément marqué.
  • Thomas Porcher, pour son franc-parler et ses cours d’économie percutants.

Ces enseignants, chacun à leur manière, ont contribué à enrichir ma vision globale de l’entrepreneuriat. Ils m’ont transmis des connaissances pratiques et théoriques, mais aussi des perspectives qui continuent d’influencer mon approche de la création et du développement d’une entreprise.

 

La création de Haiku

 

Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement de Haiku et les besoins spécifiques auxquels votre solution répond ?

logo haiku

Haiku est un espace de travail intelligent qui réduit par cinq le temps consacré par les avocats aux tâches à faible valeur ajoutée. C’est une solution SaaS basée sur l’intelligence artificielle.

En développant un modèle d’IA sur mesure, exclusif à chaque cabinet client, à partir de leurs données internes et en le connectant à des millions de sources juridiques externes essentielles, nous accompagnons les juristes à travers diverses fonctionnalités :

  • Un moteur de recherche intelligent et connecté en permanence aux bases de données internes des cabinets d’avocats et externes le tout en langage naturel 24h/24 et 7j/7.
  • Des analyses croisées contextuelles poussées pour obtenir des insights sur l’ensemble de la production du cabinet client.
  • Une analyse juridique prédictive des actes, contrats et consultations.
  • De l’extraction d'information multi documentaire

Nous avons créé Haiku pour répondre à un réel besoin des avocats qui passent 50% de leur temps sur des tâches à faible valeur ajoutée.

 

Pourquoi avoir choisi de vous adresser aux cabinets d’avocats et juristes ? Était-ce une industrie que vous connaissiez déjà ou un choix stratégique ?

Nous avons choisi de nous adresser aux cabinets d’avocats et juristes pour plusieurs raisons.

La première est que cette profession a un besoin urgent et important de valoriser ses données internes. Parmi les secteurs que nous avons analysés, les cabinets d’avocats sont ceux qui rencontrent le plus de difficultés dans ce domaine, tout en ayant un besoin crucial de solutions adaptées. Cela faisait donc parfaitement sens pour le produit que nous souhaitions construire.

La deuxième raison est que c’est une industrie que nous connaissons bien. Nous baignons dans le domaine du droit depuis plusieurs générations, grâce à notre environnement familial. Cette proximité nous a permis de comprendre plus en profondeur les enjeux et besoins spécifiques de cette profession.

Enfin, cette expertise est renforcée par un des autres cofondateurs, Jules Touzet, qui est également mon frère. Juriste et doctorant en droit administratif, c’est lui qui a d’abord perçu ce besoin sur le marché. En combinant nos compétences respectives, nous avons posé les bases de notre startup tout en mobilisant dès le départ des expertises complémentaires pour bâtir une solution à la hauteur des attentes de cette industrie.

 

Le développement de Haiku

 

Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez fait face lors de la création de Haiku, et comment les avez-vous surmontés ?

La création de Haiku a été, et reste encore aujourd’hui, une aventure riche en enseignements, mais elle n’a pas été sans obstacles. Voici les principaux défis auxquels nous avons été confrontés et comment nous avons tenté de les surmonter :

  1. Comprendre les besoins spécifiques de notre marché : bien que nous ayons une certaine proximité avec le domaine du droit, nous avons rapidement réalisé qu’il fallait aller bien au-delà de nos premières intuitions pour réellement comprendre les attentes des cabinets d’avocats et juristes. 
  2. Trouver les bonnes compétences techniques : un autre défi majeur a été de constituer une équipe technique solide. Bien qu’un de nos cofondateurs soit ingénieur en systèmes d’information, il était indispensable de recruter des spécialistes en intelligence artificielle et en data science pour concrétiser notre vision.
  3. Convaincre nos premiers clients : comme pour beaucoup de startups, nos débuts ont été marqués par la difficulté de convaincre nos premiers clients. Le secteur juridique est traditionnellement conservateur face à l’innovation technologique, et il nous a fallu déployer des efforts considérables pour démontrer la valeur de notre solution. 
  4. Gérer nos ressources limitées : nous avons été confrontés à des contraintes financières qui nous ont obligés à faire des choix stratégiques. Nous avons dû arbitrer entre l’investissement dans le produit/le recrutement et d’autres aspects essentiels au développement de l’entreprise. Cela nous a appris à prioriser nos actions et à avancer de manière pragmatique, même si cela impliquait parfois d’accepter des délais plus longs que souhaité.

     
Haiku team

Comment s’est déroulée votre levée de fonds ? Quels conseils donneriez-vous à d’autres entrepreneurs qui préparent une levée de fonds ?

Notre levée de fonds n’a pas été un long fleuve tranquille, mais elle a été très formatrice. Nous avons d’abord réalisé une première petite levée de fonds à l’été 2023, où nous avons réussi à réunir 180 000 euros en l’espace de trois mois. Cette étape a été cruciale puisqu’elle nous a permis de recruter nos premiers salariés et de développer une première version de notre produit.

Forts de ces premiers résultats, nous voulions lever un montant plus important pour poursuivre notre développement, continuer nos efforts en R&D et renforcer notre équipe. Nous avons donc entamé une deuxième levée de fonds en avril 2024, que nous avons finalisée en octobre 2024, soit après plus de six mois. Cette levée nous a permis de rassembler 1,3 million d’euros auprès de Newfund Capital et de plusieurs business angels.

Si je devais partager quelques conseils :

  1. Misez sur une équipe solide et compétente
  2. Préparez-vous à essuyer des refus
  3. La préparation du pitch : Un bon pitch ne se construit pas en un jour.
  4. Persévérez : Une levée de fonds est souvent plus longue que prévu. 

Lever des fonds n’est pas qu’une question de chiffres, mais c’est la capacité à raconter une histoire convaincante et de démontrer que vous avez les moyens de la concrétiser.

 

Quels sont vos projets à court et moyen terme pour Haïku ? Y a-t-il des développements ou fonctionnalités que vous espérez intégrer prochainement ?

À court terme nous travaillons sur des innovations reposant principalement sur deux axes.

D’une part, la production automatisée de documents basée sur des modèles appartenant aux cabinet d’avocats. D’autre part, nous nous concentrons sur le développement de capacités d’analyse juridique pour automatiser les tâches liées à l’analyse contentieuse, à la compliance et/ou à la due diligence. 

Dans un second temps nous imaginons une solution capable de répondre de bout en bout aux enjeux des cabinets d'avocats, tout en respectant la diversité des pratiques propres à ce métier.

Nous avons également pour ambition de créer un environnement ouvert au sein duquel les avocats pourront accéder à toute l'information nécessaire, grâce à des partenariats avec les éditeurs historiques que nous sommes progressivement en train de mettre sur pied.
Notre objectif est de proposer une plateforme parfaitement intégrée au workflow des avocats, leur permettant de retrouver, analyser et produire l'ensemble des informations nécessaires à servir les intérêts de leurs clients.

 

L’expérience entrepreneuriale de Jean-Marcel

 

Qu’avez-vous appris sur vous-même au cours de cette aventure entrepreneuriale ?

Il est assez difficile de répondre à cette question, car l’entrepreneuriat vous enseigne énormément, à la fois sur vous-même et sur la manière de gérer un projet. Tout d’abord, j’ai beaucoup appris sur ma capacité de travail, mes limites et ma résistance face à la fatigue. C’est essentiel de se connaître pour savoir jauger ses efforts et éviter de s’épuiser, surtout dans une aventure aussi exigeante.

J’ai aussi réalisé l’importance de la remise en question. Même si c’est votre projet, vous êtes constamment amené à chercher des compétences qui vous manquent en interne, ce qui vous force à prendre des décisions sur des sujets totalement nouveaux pour vous. Cela demande de mettre son ego de côté, d’accepter que l’on ne sait pas tout, et d’écouter ceux qui ont une expertise que vous n’avez pas.

Cette aventure m’a également permis de mieux me découvrir. Être entrepreneur vous challenge tous les jours, vous oblige à sortir de votre zone de confort et met en lumière des forces insoupçonnées, mais aussi des faiblesses qu’il faut travailler. Par exemple, j’ai réalisé que j’attache une attention particulière aux détails. Pendant mes études à Paris School of Business, je pouvais parfois me contenter de compromis sur des projets de groupe pour aller plus vite, mais dans le cadre de ma boite, chaque décision a un impact concret. Cela m’a poussé à viser l’excellence dans tout ce que je fais, même sur des détails qui pourraient sembler mineurs.

 

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants de Paris School of Business qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Si vous souhaitez vous lancer dans l’entrepreneuriat, profitez du temps que vous avez à Paris School of Business pour commencer à construire votre boite dès maintenant. Vous pensez sûrement que vous n’avez pas le temps, mais croyez-moi, vous en aurez encore moins après.

Utilisez toutes les ressources que l’école met à votre disposition : les associations étudiantes, les événements, ou même Madjid Yahiaoui, qui est un véritable incubateur à lui tout seul.

Pas besoin d’avoir une idée révolutionnaire pour démarrer. Beaucoup pensent qu’il faut réinventer la roue pour réussir, mais ce n’est pas le cas. La plupart des entreprises se concentrent sur ce qui existe déjà en l’adaptant à un nouveau marché ou en ayant un focus particulier.

Il y a de la place pour de nombreux acteurs dans la majorité des marchés. N’ayez pas peur de la concurrence : s’il n’y a pas de concurrence, il n’y a probablement pas de marché.

N’ayez pas non plus peur de l’échec. La grande majorité des entrepreneurs ne réussissent pas du premier coup, mais ce qu’ils apprennent de leurs erreurs leur sert pour réussir par la suite.
 

Rentrées décalées 2025

N'attendez pas septembre prochain pour faire votre rentrée