Le temps commence à se faire long pour tous fans de sport dont Romain Arlot.
Malgré un retour progressif des compétitions dans certains sports, la situation reste très fragile et précaire : matchs à huis clos, distanciation sociale, gestes barrières, restent de rigueur. C’est pourquoi nous nous sommes penchés sur l’expérience de Romain Arlot, basketteur français, ancien président BDS de Paris School of Business, qui s’apprête à entamer un Master 1 Digital Business, et qui a eu l’opportunité d’évoluer en NCAA (championnat universitaire américain) lors de son année d’échange à Los Angeles. Retour sur son parcours.
Le parcours scolaire et sportif de Romain Arlot
C’est en 2016 que Romain Arlot obtient son bac S avec mention Assez Bien. Il est à l’époque élève au centre de formation de Nanterre, et est déjà perçu comme jeune talent du basket français. Il doit jongler entre ses études et le basket à haut niveau. A 14 ans, alors qu’il joue en minime il est déjà vice-champion de France à Nanterre. Bien aidé par sa taille (1m96), c’est au poste d’arrière que Romain évolue, et se spécialise dans le tir à 3 points ; il participera d’ailleurs à de nombreux concours, finissant régulièrement parmi les finalistes. Après l’obtention de son bac, plusieurs choix s’offrent à lui, notamment celui de partir aux Etats-Unis au sein d’une académie de basket, afin de progresser, et éventuellement d’obtenir une bourse pour intégrer une université américaine. Il décide donc de rejoindre les Etats-Unis, où il jouera un an à Atlanta. Romain nous dit : « l’objectif était de signer dans une université américaine à la fin de l’année. J’y ai bien progressé car on avait 2 ou 3 entraînements par jour, sans compter la musculation. Malheureusement à la fin de l’année, je n’avais pas eu d’offres satisfaisantes. Après discussions avec mes parents, j’ai fait le choix de rentrer en France. J’ai donc intégré l’équipe de basket de Vanves qui évolue en nationale 2, et passé les concours d’école de commerce ».
Son entrée à Paris School of Business
Après son année à Atlanta, Romain décide d’intégrer Paris School of Business. Il nous raconte : « J’avais déjà passé les concours l’année de mon bac pour avoir une option de secours, en attendant une bourse pour partir aux Etats-Unis. En rentrant d’Atlanta, j’ai choisi Paris School of Business pour plusieurs raisons. La dimension internationale avec l’opportunité de partir à l’étranger m’a grandement influencé, et aussi le fait qu’il y ait un cursus en anglais. Je rentrais d’Atlanta, j’étais presque bilingue et je voulais maintenir mon niveau. Aussi, il y avait le côté associatif qui m’a beaucoup attiré. J’ai d’ailleurs mené campagne avec le BDS en tant que président de liste, campagne que nous avons gagné, et j’ai donc été président BDS l’année suivante. C’est sûr que ça demande une organisation particulière, mais c’est la manière dont j’ai été éduqué. Là-bas, j’avais cours de 8h à 18h, après il fallait se rendre aux entraînements. Le temps de rentrer, de manger et de se doucher, il était en général 1h du matin, puis il fallait faire son travail, souvent jusqu’à 2 ou 3h, et le lendemain rebelote. »
Encore un peu hésitant avant de faire son choix définitif, et pour rassurer ses parents, il prend rendez-vous avec l’administration de Paris School of Business pour discuter d’un parcours « aménagé » afin de pouvoir continuer le basket. Il nous dit : « l’école a été très compréhensive et nous a tout de suite rassurés, en nous disant qu’il n’y aurait pas de problème. Je devais justifier mes absences bien-sûr, mais Paris School of Business m’a permis de poursuivre mes études sereinement, tout en continuant à jouer à haut niveau. Même quand j’étais à Los Angeles, ils m’ont permis de modifier certains cours pour qu’ils ne se chevauchent pas avec mes entrainements ».
Sa passion pour le basket
Fan des Spur de San Antonio, de Stephen Curry et Kawhi Leonard, le basket n’a pas toujours été une évidence pour Romain. Bien qu’issu d’une famille de sportifs (grand-père et père basketteur, frère tennisman), Romain Arlot ne commence pas immédiatement à manier la balle orange.
« Mes parents ne voulaient pas me mettre tout de suite au basket, ils voulaient que ça vienne de moi. J’ai commencé par le foot puis par le judo, mais je me suis rapidement rendu-compte que j’étais nul » nous dit-il en rigolant.
Il poursuit : « Quand j’avais 10 ans, je me suis rendu avec mon père dans le club de Houilles à côté de chez moi, pour m’inscrire au basket. Lorsque nous sommes arrivés, l'entraîneur nous dit que c’est trop tard, que les inscriptions sont déjà terminées. Mon père insiste alors un peu en lui disant que j’étais déjà assez grand pour mon âge, qu’il me laisse au moins m’entrainer la journée, que j’avais peut-être du potentiel. Le coach a donc accepté de me laisser m'entraîner. Moi je n’avais jamais joué au basket de ma vie, et là très rapidement on s’aperçoit que je ne suis vraiment pas mauvais, et surtout, je m’éclate. Les entraîneurs acceptent donc de prendre dans l’équipe. Après cela, c’est allé très vite : j’ai été sélectionné pour représenter les Yvelines puis l’Ile de France, dans les championnats départementaux et régionaux, puis on m’a proposé de rejoindre le centre de formation de Nanterre. »
A ce moment-là, il se confie en nous disant qu’il a beaucoup hésité, qu’il ne voulait pas y aller au départ, de peur de trahir son équipe actuelle. Après réflexion, Romain réalise qu’il s’agit d’une belle opportunité et intègre donc le centre de formation de Nanterre, dans lequel il continuera d’évoluer jusqu’à l’obtention de son bac.
“J’y suis allé au culot, mais ça a fonctionné ”
L'expérience de Romain Arlot en NCAA
Pour sa 3e année à Paris School of Business, Romain Arlot décide d’effectuer son échange à Los Angeles, au sein de la California State University. Lui qui connaissait déjà la côte Est américaine, découvre à présent le soleil et la chaleur californienne. Plusieurs raisons ont motivé son choix de rejoindre Cal State University : niveau académique, prestige de la ville, opportunité de jouer en NCAA.
La NCAA, c’est le championnat universitaire américain. La NCAA gère tous les sports universitaires, et assurent le développement et la scolarité de ses étudiants. C’est un niveau professionnel, mais à l’échelle de l’université. Les meilleurs talents des différentes universités évoluent en NCAA, et attirent l’œil des recruteurs de tout le pays. L’objectif étant de se faire repérer, pour ensuite pouvoir intégrer la NBA dans le cas du basket, lors de la Draft (sélection des meilleurs jeunes joueurs universitaires par les équipes de NBA). Presque toutes les superstars de la NBA ont évolué en NCAA étant jeunes. Pour un jeune basketteur français, c’est “le rêve américain”.
Ainsi, Romain part en Californie en août 2019 pour s’installer avant la rentrée. Cependant, intégrer la NCAA n’est pas son objectif premier. Il nous raconte : « Si j’ai l’opportunité, évidemment je l’accepte. Mais je ne pars pas là-bas que pour ça. Je me suis dit que je devais aller voir le coach. S’il me dit oui, tant mieux car c’est un rêve qui se réalise, sinon, je pourrais profiter de la ville et de mon année à fond quand même ».
Après une multitude de mails sans réponse, il décide de se rendre au gymnase de l’université pour rencontrer le coach. Il nous dit : « J’arrive sur le terrain et je vois un joueur de l’équipe. Donc je me présente, je lui dis que je suis français et que je voudrais parler au coach. À ce moment-là, je stresse un peu mais je frappe à la porte du coach qui m’invite à entrer. C’est assez impressionnant, 10 adjoints autour de lui, un bureau est énorme... Je me présente, lui explique ma situation et lui dis que j’aimerais jouer. » Bien évidemment, la situation est un peu compliquée, Romain poursuit : « Le problème est qu’ils recrutent l’équipe en janvier de l’année d’avant, donc tous les joueurs sont déjà sélectionnés. Finalement, il me dit de faire un essai le lendemain avec les joueurs pour montrer ce que je vaux. Donc j’y retourne, les joueurs me voient arriver, un peu surpris, mais heureusement le garçon à qui j’avais parlé la veille me reconnaît, et fait les présentations. Au final je me suis entraîné avec eux, j’ai montré ce que je savais faire et tout s’est bien passé. J’y suis vraiment allé au culot, mais ça a fonctionné ».
Après avoir réglé les problèmes administratifs et passé ses visites médicales, Romain peut enfin intégrer l’équipe et commencer à s'entraîner avec eux. « Le coach a été très clair avec moi, il ne m’a pas promis un temps de jeu fort, car les autres joueurs étaient prioritaires. Personnellement, pouvoir m'entraîner avec eux, c’était déjà une victoire. Au final, j’avais un peu de temps de jeu, environ une dizaine de minutes par match, mais c’est déjà exceptionnel. C’était un rêve qui devenait réalité : pouvoir fouler les parquets de NCAA. »
L’intégration dans l’équipe et le niveau des joueurs
Romain nous parle de son intégration au sein de l’équipe et du niveau des joueurs : « J’appréhendais un peu parce que j’étais étranger, on parle quand même de basket aux USA, donc la pression est là. En plus de ça je parlais bien anglais, sans être bilingue, et sans connaître le jargon et expressions américaines. Mais l’équipe m’a vraiment super bien accueilli, les coachs m’ont bien intégré. Porter le maillot de Los Angeles, participer au Media Day, signer des autographes, commencer à être connu sur les réseaux, sur le campus, un rêve !
Concernant le niveau : « En matière de basket, la différence est énorme avec la France. Il faut aussi comprendre que ça reste des étudiants, ils ont au maximum 23 ans. Moi quand j’étais en France et que je jouais en nationale c’était avec des adultes. Donc là je retourne avec des jeunes et c’était vraiment dingue de voir des joueurs si jeunes qui étaient aussi forts. Il y a des joueurs qui pensent et peuvent aller en NBA plus tard ou dans des gros championnats européens. Je n’avais jamais joué à un tel niveau, c’était assez incroyable pour ça. »
Il nous explique également que la rigueur de l’organisation a été très importante : les entraîneurs accompagnent les joueurs en permanence, un temps est prévu chaque semaine pour le travail scolaire, le suivi est quasi quotidien, etc.
“Jouer au basket en NCAA, c’est l’accomplissement d’un rêve”
Retour sur son expérience
Quand on lui demande ce que lui a apporté son expérience en NCAA avec Cal State University, Romain démontre une nouvelle fois sa force de caractère : « Je retiens déjà qu’il ne faut absolument jamais lâché et que parfois, le culot paye. Aussi, je pense que si quelque chose doit arriver dans la vie, ça arrivera. Ce n’est pas parce que ça ne vient pas sur le moment que ça n’arrivera jamais. Je voulais jouer en NCAA après le lycée et mon année à Atlanta mais ça ne s’est pas fait. Au final j’ai pu y jouer cette année. Quand je suis rentré en France il y a 3 ans je ne pensais jamais rejouer aux US et en fin de compte, c’est arrivé. »
Lui qui a joué en France contre Frank Ntilikina, et qui est ami avec Sekou Doumbouya (tous les deux de jeunes espoirs français évoluant en NBA), il souligne le manquement de structures et de moyens en France : « Il y a un gros problème en France pour combiner études et sport à haut niveau, a part si tu rentres à l’INSEP. Mais PSB m’a énormément aidé pour que je puisse faire les deux »
Au niveau personnel il raconte : « C’était réellement incroyable, j’ai joué dans des salles devant 4000 personnes. C’est l’ambiance à l’américaine, avec les speakers, la musique, les cheerleaders... On jouait contre San Francisco, San Diego et d’autres universités californiennes. On s’est qualifié pour participer aux play-offs et essayer de jouer la March Madness (tournoi final et national de la NCAA réunissant les meilleurs équipes de chaque conférence, N.D.L.R), mais on a malheureusement perdu sur un match en quart de finale contre UC San Diego. Je suis très fier de ce parcours ».
Ses objectifs futurs
Rentré quelques mois en avance de Los Angeles à cause du Covid-19, Romain se confie sur ses attentes pour le futur : « J’ai déjà pour objectif professionnel de trouver une alternance car je rejoins le Master Digital Business. Concernant le basket, je vais retourner au niveau national, et je verrai ce qu’on me propose. J’arrive dans un moment charnière où le professionnel prend le pas, j’aurai moins de temps pour le basket. Jouer au basket en NCAA, c’était l’accomplissement d’un rêve. Il y a bien sûr toujours cette ambition de jouer au plus haut niveau, mais elle est moins prédominante, ça dépendra des opportunités. Ce qui est sûr, c’est que je veux continuer mes études et obtenir mon Master à Paris School of Business. »
Déjà une belle carrière pour Romain, et à n’en pas douter, de nombreuses opportunités qui se présenteront à lui. En bonus, son 5 majeur des joueurs de basket : Stephen Curry, Kobe Bryant, Michael Jordan, Lebron James et Shaquille O’Neal.